- SYNTHÈSE (philosophie)
- SYNTHÈSE (philosophie)SYNTHÈSE, philosophiePour présenter la synthèse, on s’inspirera plus particulièrement de deux philosophes qui ont fait d’elle un moment essentiel de la pensée: Kant et Hegel. Kant introduit la distinction entre les jugements analytiques, qui élucident et expliquent un concept sans communiquer d’information nouvelle (par exemple: «Tous les corps sont divisibles»), et les jugements synthétiques, qui sont informatifs et associent deux concepts différents (par exemple: «Tous les corps sont pesants»). La synthèse est un acte effectif de l’esprit qui «ajoute» un concept à un autre et doit, pour ce faire, s’autoriser soit de l’expérience (jugement synthétique a posteriori ) soit de l’intuition pure et de l’expérience possible (jugement synthétique a priori ). Plus profondément, la synthèse est, chez Kant, l’acte fondamental de l’esprit par lequel il unifie le divers; le concept est précisément cette fonction d’unification. «Tout objet est soumis aux conditions nécessaires de l’unité synthétique du divers de l’intuition dans une expérience possible» (Critique de la raison pure ). Si penser, c’est «connaître par des concepts», c’est donc aussi effectuer des synthèses.Chez Hegel, le développement dialectique de la pensée comporte trois moments que l’on a pris l’habitude de nommer respectivement thèse, antithèse, synthèse et que Hegel désigne parfois comme «immédiateté» «médiation» et Aufhebung (ce que l’on peut traduire par le fait de «supprimer en conservant»). Ainsi, l’être pur se voit opposer le non-être, et le devenir constitue l’unité dynamique de l’être et du non-être. L’être sortant de son immédiateté se trouve médiatisé par le non-être et réciproquement; en se déterminant, l’être et le non-être prennent une forme nouvelle; ils sont harmonisés en un tout qui les dépasse et résout la contradiction première. La synthèse est la forme supérieure de la pensée.
Encyclopédie Universelle. 2012.